L’Épine dans le pied se lit la tête ailleurs, comme la balade d’un homme entre son adolescence coloniale et son goût pour l’avant-garde des idées, entre le surgissement factice de l’Afrique dans ses mystères équatoriaux et son échec à prendre place à bord du train du développement qui conduit à l’échec de toute relation intrasociale, fût-elle intime. Mais c’est également un hymne à l’amour inexpliqué et pourtant de belle facture poétique, tel le refrain revient tout au long de l’histoire, la longue complainte déchirante de Billie Holiday Day in and Day out…, qui soutient en filigrane le vaudou qui porte cette énigme, cet inexplicable dont seule une ethnopsychiatre française parvient à dénouer les fils de l’écheveau. C’est un questionnement sur le retentissement du choc de la colonisation dans l’âme d’un jeune Africain, la recherche de ce dernier sur son passé – fût-il glauque ou non – la poésie des âmes égarées, et la lecture attentive en tant que processus d’acquisition d’une parfaite identité, celle-là même qui dit le vrai de la condition humaine. Puis, succinctement, cette déclaration d’amour pour Paris, qui reste le seul endroit où le Monde entier lit encore, et est lu.
18.20€
Georges Monny est né au Cameroun en 1956 d’une mère anglophone et d’un père francophone. Petit-fils d’instituteur à la Mittelschule du Protectorat allemand, la langue française, dont il avoue flirter avec le bagout, est donc une langue d’arrivée. Praticien des lettres, amoureux du livre, Georges Monny a fait carrière dans l’édition et ensuite dans la Fonction publique internationale avant de revenir par ce roman à ses coups de cœur adolescents : l’envie de témoigner de vivre.