« Le jeune « Vieux Beti » nous revient cette fois, avec entre les mains, un Chapelet humaniste, nullement religieux, composé de perles de cristal et de cornaline qui, telles des gouttes de pluie, tombent sur le cordon coincé entre le pouce et l’index selon la trajectoire que leur assigne « sa patoche », qui sait si bien « essuyer les larmes » de la bien-aimée « Elle ».
« Elle » n’est autre que son « Soi », son « Autre Moi ». Cette muse non nommée mais qu’il « serre sur son cœur » pour que « s’ouvre les barrières », les écluses de la navigation entre passé, présent pour déboucher dans « une aventure flottante qui annonce l’avènement d’un monde épicé ».
Pris dans « la frénésie de son « cœur pur d’espoir », le poète ramène à la vie ceux que les mémoires sclérosées des vivants ont enterrés sous les cendres de l’oubli : Dadié, Njawé et tous les autres d’ici et de là-bas, esquivant soigneusement le « suivisme » d’une Négritude dépérie, déversant subtilement tour à tour son extase jouissive et sa révolte contre le « soutaneux qui « a traîné ses guêtres dans toutes les buvettes à putes ! »
De la transe « d’une jouissance en continuum », le poète revient à la condition humaine inévitable, celle qui fait entreprendre à tout humain « le voyage pour lequel on ne délivre qu’un billet aller-simple » pour reprendre l’expression d’Eboa Lotin, un autre fils de ce pays « Afrique en miniature ». Alors, tous ceux qui l’ont connu, aimé et détesté peut-être pourront lire sur son épitaphe : « Il était là, il est parti, Tout à côté de nous ! »
Billet d’Alfoncyne Nyélenga Bouya
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Baltazar Atangana Noah, dit Nkul Beti, est écrivain, critique littéraire et chercheur au département de français de l’université de Yaoundé I. Comme un chapelet est son troisième fait littéraire après Mixture (2014) et Aux Hommes de tout… (2016). Il est, par ailleurs, contributeur dans plusieurs anthologies.