C’est un problème dont on parle trop peu : alors qu’un français sur trois s’est déjà privé de repas faute de moyens, l’inflation impacte aussi lourdement leur rapport à la culture. À commencer par la lecture.
Pour de nombreuses personnes, acheter un livre est devenu un luxe : les ventes ont chuté de 486,5 millions à 448,5 millions d’exemplaires en 2022 (source SNE). Par conséquent, les plus petites maisons d’édition, qui œuvrent au quotidien pour garantir une offre diversifiée, se retrouvent dans la tourmente.
Entre mars et août 2023, elles sont près de 100 à avoir été contraintes de cesser leur activité (source Verif.com). Et elles ne sont pas les seules : les librairies sont aussi menacées !
Dans ce contexte, une pétition est lancée pour alerter les pouvoirs publics, mobiliser la communauté des lecteurs et lectrices, et réclamer la mise en place d’un bouclier anti-inflation avec un objectif : agir dès maintenant pour faire baisser le prix du livre.

Baisser le prix du livre : une priorité pour démocratiser l’accès à la culture
Promulguée en France en 1981, la loi sur le prix unique du livre visait à promouvoir la diversité culturelle et l’accès à la lecture pour tous. Une initiative louable, qui a favorisé la culture et a garanti une plus grande diversité éditoriale.
Toutefois, à l’époque, le législateur n’avait pas anticipé les conséquences de l’inflation qui frappe notre pays depuis plus de 18 mois.
Aujourd’hui, le monde de la littérature est pénalisé par un incroyable cercle vicieux. Tout d’abord, l’ensemble des détaillants, y compris les librairies en ligne, doivent vendre les livres au même prix, c’est-à-dire celui qui a été fixé par l’éditeur. La seule dérogation est la possibilité d’appliquer une réduction maximale de 5 %. En parallèle, les Français n’ont plus les moyens de financer leurs achats de livres en raison de l’inflation : lire est devenu trop cher. Enfin, les librairies constatent, impuissantes, que les lecteurs et les lectrices se privent de ce formidable moyen d’accès à la culture… sans pouvoir les aider.
Le déploiement d’un « bouclier anti-inflation » s’impose donc afin de permettre de continuer à lire durant les périodes difficiles. Une mesure dont la mise en place impliquerait une autorisation spéciale accordée aux éditeurs ou aux libraires pour abaisser le prix des livres de façon temporaire, une réduction de leurs marges étant préférable aux faibles ventes réalisées qui participent à un difficile équilibre des comptes !

Notre maison engagée aux côtés des nouvelles plumes
Fondée en 2017, Le Lys Bleu Editions a déjà publié de nombreux titres. Cette maison est d’ailleurs l’aboutissement d’un projet atypique : révéler au public le talent des auteurs qui ne sont pas publiés par les maisons existantes.
Benoit Couzi, le co-fondateur, déclare : « Notre proposition a l’avantage d’être concrète et souple : elle pourrait être réactivée lorsque le taux d’inflation revient à un seuil défini par un projet de loi. Nous attendons donc des députés, sénateurs et ministres la présentation d’un amendement à l’Assemblée Nationale. »
Le prix du livre est trop élevé et nombreux sont les Français à ne plus pouvoir lire. Si comme nous vous pensez qu’il est possible de mettre en place un bouclier tarifaire comme cela a été le cas pour l’énergie, aidez-nous à obtenir une révision de la loi sur le prix du livre en signant cette pétition qui vous expliquera notre démarche.
Pour signer la pétition, veuillez cliquer sur le lien suivant : https://chng.it/YMmKRhKjBv

À l’heure où il n’est plus de bon ton de s’assumer et qu’il est dans l’air du temps de faire profil bas devant les accusations de toutes sortes, je le dis haut et fort : je suis fier d’être l’éditeur du Lys Bleu Éditions !

Près de 10 000 maisons d’édition existaient avant les deux bouleversements dus au Covid et à l’inflation que nous avons vécus. Nombreuses parmi elles ont malheureusement cessé leur activité, devant la difficulté croissante à vendre des livres et à équilibrer leurs comptes. Cependant, Le Lys Bleu Éditions se porte bien dans ce paysage si chaotique. La raison ? Nous répondons à un besoin sociétal profond : celui d’écrire. Pourtant, les augures étaient mauvais avec l’apparition des SMS et autres courriels ; pour plusieurs, l’écriture et la langue disparaîtraient en un claquement de doigts. Eh bien, il n’en est rien, tout au contraire, on n’a jamais autant écrit qu’actuellement et, aujourd’hui, de nombreuses personnes s’essaient à l’écriture de romans, de nouvelles ou de poèmes et ont une envie profonde de partager leur texte avec des lecteurs.
Malheureusement, répondre à un besoin réel par des méthodes et un concept novateurs n’est pas vu d’un bon œil par l’intelligentsia. Donner des coups de pied dans les fourmilières a toujours été source de difficultés pour ceux qui osent braver l’ordre établi et nous n’avons pas failli à la règle : les auteurs établis ont crié au scandale et certaines organisations professionnelles ont même dénoncé ce qu’elles ont appelé « des contrats à la limite de l’escroquerie » engageant les libraires à ne surtout pas commander nos livres.

Mais, me direz-vous, que faites-vous donc de si terrible pour mériter un tel traitement ? Nous avons l’audace de demander à nos auteurs de participer pleinement à l’aventure de leur ouvrage, tout simplement. Cela signifie que nous réalisons le travail d’un éditeur parfaitement classique – évaluation des manuscrits, correction des textes, mise en page et création de couvertures – mais, qu’une fois le livre publié, nous demandons à son auteur d’en acquérir quelques exemplaires afin de nous aider à sa mise en lancement. Notre service promotion gère les événements à créer autour de l’ouvrage à un niveau national ou régional et nous attendons de nos auteurs qu’ils fassent de même à un niveau local, l’auteur étant le meilleur ambassadeur de son ouvrage, un contact direct avec les acteurs locaux ne peut que jouer en sa faveur. Pour ce faire, avoir des exemplaires en main n’est pas une ineptie !

Ainsi demander ne serait-ce qu’un sou à un auteur serait une aberration, que dis-je, un vol manifeste ! Même si ces livres sont revendus ? Même si l’auteur perçoit quasiment deux fois plus de droits d’auteur que dans n’importe quelle autre maison ? C’est l’affirmation soutenue par les bien-pensants qui ne cherchent qu’à défendre leur pré carré : « Demander un euro est une atteinte au droit ! »

Et pourtant !
Pourtant, les auteurs affluent vers le Lys Bleu Éditions faisant d’elle l’une des maisons les plus actives du paysage littéraire français actuel.
Pourtant, nous vendons des livres, beaucoup de livres, et je ne suis pas de ces éditeurs qui se plaignent de la désaffection des lecteurs.
Pourtant, nous sommes recherchés par différents organisateurs pour des événements.
Pourtant, nous avons ouvert une librairie parisienne.

Y aurait-il deux mondes, l’un réel et l’autre fictif ? Le monde du vrai, du livre qu’on tient entre ses mains, celui des libraires attachés à l’un des plus beaux métiers, celui de l’écriture nouvelle qui sort des sentiers battus ? Et son opposé, le monde des prix prestigieux et des « grandes » maisons, celui de l’auteur « « bankable », le monde des libraires gourmands de ventes certaines ? Il faut bien se résoudre à cette conclusion : l’argent et la culture ne font pas bon ménage ! En disant cela, pourtant, je n’évoque pas la modique somme que nous demandons à nos auteurs mais bien les bénéfices réalisés par les maisons qui ont pignon sur rue et par les « boutiquiers » qui ne jurent que par leurs seuls titres pour ne prendre aucun risque ! Faire une place à une nouvelle maison d’édition n’est pas imaginable alors, lorsque celle-ci présente une particularité comme la nôtre, il suffit de lancer les chiens à ses trousses pour l’empêcher de gêner !

Quels effets ? Les auteurs à qui l’on remplit l’esprit d’une formule vaine – « Un éditeur qui demande un centime à son auteur pour publier son livre n’est pas un véritable éditeur » – passent leur chemin, tentent les grandes maisons seules à leurs yeux capables de les faire connaître et en sont rejetés, car ces maisons sont plus que sélectives. Ils ne publieront jamais leur ouvrage et nous passerons peut-être tous à côté de pépites ! Les libraires, les plus avides de résultats, refuseront notre catalogue sans même tenter d’en découvrir ne serait-ce qu’un titre, pour voir ! Les journalistes littéraires, pour la plupart, ne liront pas les services de presse que nous leur adressons, pas assez consensuelle cette maison ! Et cette cabale sera menée au nom de la littérature ? Quel gâchis !

Notre maison respecte les règles fondamentales et l’éthique du métier d’éditeur.
Nous sélectionnons avec parcimonie les manuscrits que nous publions, n’en déplaise à nos détracteurs qui ont profité des quelques erreurs de jeunesse qui nous sont encore reprochées. Nous traitons le travail des auteurs avec l’amour de notre métier.

Certes, nous ne demanderons jamais à un auteur signé de réécrire son texte, car nous considérons que si nos lecteurs ont retenu un manuscrit c’est qu’il présente un intérêt tel qu’il est et non tel que le voudrait l’éditeur. Nous ne sommes pas les propriétaires des textes que nous publions, uniquement leurs dépositaires. Nous faisons un long travail de diffusion de notre catalogue, organisons des événements et mettons tout en œuvre pour nos auteur.e.s.

Bien sûr, notre maison est jeune et donc perfectible. Nous nous améliorons chaque jour pour répondre aux envies de nos lecteurs et de nos auteurs. Mais laissez-nous travailler, de grâce ! Que l’on cesse de nous mettre des bâtons dans les roues, nous sommes tous là pour œuvrer dans le même sens : défendre la littérature et faire en sorte qu’elle ne soit jamais désuète.

Je finirai cette lettre en précisant que la loi est de notre côté, les textes sont clairs. « Ne sont pas considérés comme éditeurs les prestataires qui demandent aux auteurs de participer aux frais de l’édition de leurs ouvrages », ce n’est pas notre cas malgré ce qu’on essaie de faire croire sans aucun fondement juridique. Notre maison est respectable et honnête.
Alors, oui, je suis éditeur et fier de l’être !

Benoit Couzi
Éditeur