Dans son mausolée de fer, il attendait, dans son sarcophage merveilleux et cauchemardesque, cet ultime refuge de bois précieux qu’avait sculpté à son image, empli d’une crainte respectueuse et indicible, un de ses fidèles, artiste aussi prodigieux qu’anonyme. Enfermé dans ce cercueil, Il s’était défait de sa substance, nul n’aurait su, nul n’aurait eu la prétention de décrire ce qu’il était. Ce qui avait fait de lui un être humain n’était plus qu’un amas d’ossements et de chairs tannées qui avaient acquis la sèche raideur d’un cuir défraîchi. Depuis des lustres qu’il s’était éteint, la mécanique de son corps avait cessé de fonctionner. Il avait fini usé et souffreteux, épilogue sans gloire d’une existence de près d’un siècle vouée à l’intimité de tout ce qui terrifie les gens normaux, les gens sans pouvoirs. Il avait été un sorcier puissant, un mage révéré, ses prophéties étaient reconnues à des lieues à la ronde, ses envoûtements, ses sorts ne laissaient aucune chance à ceux qui en étaient la cible.
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Bernard Géhin a mené une carrière d’informaticien industriel. Il a vécu à l’étranger dans le cadre de son activité professionnelle, en particulier dans les pays de l’Est. Il est musicien, auteur compositeur et interprète. Il s’est essayé à l’écriture depuis qu’il est en retraite.
Ouvrages déjà publiés : « Les fantômes de la zone rouge » aux éditions Baudelaire et « Henri Soldat inconnu »